Le vieillissement croissant de la population et le glissement des maladies cardiovasculaires aiguës vers des pathologies chroniques (insuffisance cardiaque, fibrillation auriculaire, hypertension …) représentent un défi important pour les soins de santé. À l'avenir, la principale mission de la prise en charge cardiologique sera d'éviter une hospitalisation due à une aggravation aiguë ou à une complication d'une cardiopathie chronique chez un patient âgé. De nombreux services de cardiologie ont déjà anticipé ce problème en déplaçant l'essentiel des activités cliniques des soins intramuraux vers une prise en charge (davantage) orientée vers des soins ambulatoires, parallèlement à l'organisation de polycliniques spécifiques (polyclinique de l'insuffisance cardiaque, de la fibrillation auriculaire, de l'hypertension …).

Étant donné le vieillissement de la population, on peut s'attendre à une forte augmentation du nombre de patients souffrant de pathologies cardiaques chroniques, ce qui risque de surcharger tant la médecine de première ligne que les polycliniques de cardiologie. Le développement des technologies de communication, de nouveaux capteurs intégrés dans des dispositifs portatifs ou implantés et de logiciels de monitoring spéciaux offre la possibilité de suivre à distance le statut cardiovasculaire des patients cardiaques et, si nécessaire, d'adapter leur traitement. Le développement complémentaire de cette 'télémédecine' ou encore de 'technology enabled care' pourra aider à mieux répondre aux défis qui se poseront dans un futur proche, en raison de la prévalence croissante des maladies cardiovasculaires chroniques.

L'évolution et l'utilité de la télémédecine ont été discutées lors du symposium satellite 'Leading healthcare transformation in the digital era', organisé durant le congrès de l'ESC à Barcelone.

Gabriele Zanotto (Vérone, Italie) a souligné combien il est important que les patients soient impliqués dans le traitement de leur affection. Le développement d'applications de santé et de nouveaux capteurs incorporés dans des smartphones ou des montres connectées permet d'impliquer activement le patient dans son traitement. Pour le moment, près de deux tiers des patients de plus de 65 ans possèdent un smartphone. Via une connexion Bluetooth, les données du monitoring, enregistrées par le pacemaker, peuvent être transmises à un smartphone ou une tablette qui, via lnternet, peut communiquer avec une centrale de monitoring à la polyclinique cardiologique (figure 1).

Plusieurs groupes ont démontré qu'un tel suivi à distance de patients porteurs d'un pacemaker peut s'avérer très utile. Les patients porteurs d'un pacemaker, suivis à distance, étaient traités plus rapidement en cas de problèmes, ils étaient moins souvent hospitalisés et leur survie était améliorée de 140 % par rapport aux patients non suivis.

H. Schäfer (Essen, Allemagne) a décrit l'utilité d'une centrale de monitoring et de triage (FocusON™) où toutes les informations obtenues via un monitoring à distance, chez des patients porteurs d'un pacemaker, d'un DCI ou de moniteurs implantables, sont stockées et triées: seules les anomalies significatives nécessitant une action médicale rapide sont transmises à l'équipe de la (poly) clinique cardiologique (figure 2). Ceci permet de gagner un temps précieux, mais aussi d'améliorer l'efficacité et de réaliser des économies. C'est ce qu'a également montré une étude conduite auprès de patients ayant présenté un AVC cryptogénique, chez qui le monitoring était assuré à l'aide d'un Reveal LINQ, et suivi via FocusON™ (figure 3).

Peter Carl Jacobsen (Copenhague, Danemark) a décrit le système de télémétrie SEEQ™ qui peut être utilisé pour de plus longues périodes de monitoring ecg que ce qui est possible avec un enregistreur d'événements. L'ensemble se présente sous la forme d'un grand patch appliqué le long du grand axe du coeur, au niveau précordial (figure 4). Ceci permet d'obtenir des tracés ecg précis avec une nette distinction entre les ondes P et les complexes QRS, il est vrai via une seule dérivation.