Le 43e congrès belge de cardiologie, l'incontournable rendez-vous annuel organisé par la Belgian Society of Cardiology (BSC), s'est tenu les 8 et 9 février 2024 à l'hôtel Sheraton de Bruxelles. Cette année, nous avons accueilli plus de 700 participants dans une assemblée composée de cardiologues, d'infirmiers et d'un large groupe de représentants de l'industrie.
Ces deux journées nous ont permis de voir combien la cardiologie a changé depuis la première édition de l'événement, il y a 43 ans. En effet, les cardiologues font toujours partie des primo-adoptants en matière d'innovation. Entreprenants, curieux et motivés à intégrer rapidement les nouvelles techniques, qu'elles soient diagnostiques ou thérapeutiques, mais après validation au travers d'études scientifiques, dans les soins quotidiens pour garantir la qualité et le progrès. Les différents thèmes des sessions proposées durant le congrès en sont l'illustration même. Le congrès a offert une vue panoramique sur notre spécialité : des dernières perspectives de la recherche fondamentale aux recommandations cliniques les plus actuelles et aux techniques de traitement les plus avancées, de la revascularisation hybride à la revalidation hybride, du télémonitoring à l'évolution des dispositifs numériques, des nouvelles techniques d'ablation à la stimulation de la branche gauche, et tant d'autres sujets brûlants d'actualité.
Les thèmes n'étaient pas les seuls à illustrer ce monde qui change. Les personnes présentes en témoignaient, elles aussi. D'un congrès annuel à destination exclusive des cardiologues, nous avons observé ces dernières années une évolution vers un rôle important pour le volet infirmier. Un volet qui, depuis les dernières éditions, fait partie intégrante du programme. Un modèle dans lequel les infirmiers et les médecins contribuent à des soins haut de gamme est aujourd'hui l'évidence même. La croissance du personnel infirmier spécialisé (dans l'insuffisance cardiaque, les dispositifs, la TAVI, l'IVP, la revalidation…) offre un soutien de qualité pour le traitement et le suivi de nos patients. Comment cette collaboration va-t-elle évoluer dans le paysage mouvant de la santé, et comment son financement va-t-il être organisé ? Seul l'avenir nous le dira. Le projet de loi concernant la réforme de la profession infirmière, qui a reçu le feu vert du ministre F. Vandenbroucke en janvier 2024, préparant entre autres un élargissement des tâches de soins du personnel infirmier (notamment par la tenue de consultations infirmières), indique la direction choisie.
Si nous nous réjouissons et sommes témoins de ce monde qui change, nous ne devons pour autant pas perdre de vue les défis qui nous attendent. En ces temps de restrictions budgétaires, des choix devront être faits quant à l'utilisation des moyens (limités). Nous attendons de voir quel sera l'impact du refinancement des hôpitaux et de la réévaluation de la nomenclature. Espérons que, dans ce domaine également, le changement repose sur la raison et les données probantes et que les responsables politiques continueront de veiller sur les trois piliers qui ont fait et font encore la force de nos soins de santé en Belgique, et plus spécifiquement des soins cardiologiques, à savoir l'accessibilité, la qualité et l'abordabilité. La prudence est de mise dès qu'on touche à ces points ou dès qu'on effectue des économies linéaires, car ces trois piliers sont intimement liés et très vulnérables.
Bien que le changement nous réjouisse, nous devons aussi rester attentifs aux risques qu'il implique. Ces dernières années, nous avons connu une succession de profonds changements dans le paysage hospitalier. à titre d'exemples, citons le passage au dossier patient informatisé, la pression pour l'obtention de labels de qualité et d'accréditations, la crise du COVID et la formation des réseaux hospitaliers. Tous ces changements ont eu un impact considérable sur notre quotidien professionnel et, bien que (certains de) ces changements créent une plus-value objective, ils génèrent également une charge supplémentaire, un besoin de formation, une adaptation, mais aussi du stress. Nous devons donc aussi prendre garde au risque de « lassitude face au changement ». Bon nombre de collaborateurs, des agents administratifs aux médecins, en passant par le personnel infirmier, sont épuisés et vulnérables à des problèmes de santé tels que le burnout. Il convient, là aussi, d'être prudents et attentifs à la manière dont la succession de tous ces changements, en particulier l'accélération imminente de la numérisation et l'intégration de modèles d'intelligence artificielle, sera intégrée à notre pratique quotidienne et à l'impact (soutien ou surcharge) qu'elle aura sur nos patients.
Ce numéro d'avril du Journal de Cardiologie vous propose traditionnellement quelques passionnants comptes rendus du congrès, principalement rédigés par de jeunes cardiologues prompts à partager leurs idées sur les thèmes abordés à l'occasion de ce congrès BSC. à la rédaction, nous accueillerons positivement les futurs changements dans le domaine de la cardiologie et nous restons dévoués à nos lecteurs, que nous informons des dernières découvertes, innovations et bonnes pratiques.
« The measure of intelligence is the ability to change. » (A. Einstein).
Bonne lecture !
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