Cette année, le congrès annuel de cardiologie de l'ESC a été organisé à Barcelone, du 26 au 29 août. Pour plusieurs raisons, nous pouvons dire que ce fut une belle édition. Tout d'abord, parce qu'il s'agissait de la 70e édition d'un événement scientifique qui compte parmi les plus importants au monde. C'est donc l'occasion de remercier les organisateurs de cette édition et de toutes celles qui l'ont précédée pour leur engagement et leur sens de l'organisation, depuis tant d'années. En outre, nous avons pu suivre ce congrès à la fois sur place et en ligne, avec une parfaite organisation. Enfin, un certain nombre de nouvelles études ont été présentées lors des sessions hotline, et publiées simultanément dans des revues médicales de premier plan, avec des résultats très intéressants qui vont probablement changer considérablement notre façon de travailler à l'avenir (ceci en plus des nombreuses autres sessions éducatives et scientifiques). En effet, de toute manière, une étude dont le résultat est positif et qui a un impact sur notre pratique quotidienne est toujours un plus beau message qu'une étude négative qui doit être considérée comme équivalente sur un plan purement scientifique.
Dans ce numéro, vous trouverez un aperçu de quelques sessions importantes de ce congrès. Même si un éditorial n'a pas pour but de donner un aperçu du contenu scientifique d'un grand congrès mondial, je voudrais pointer 2 études, ADVOR et DELIVER, en guise d'introduction à ce numéro spécialement consacré au congrès de l'ESC 2022. Si nous mentionnons en premier lieu l'étude ADVOR, c'est non seulement parce qu'il s'agit d'une étude belge, mais aussi parce que c'est une étude importante qui va changer notre pratique.1 En effet, Wilfried Mullens, qui a mis sur pied cette étude, a eu le mérite d'attirer notre attention sur l'intérêt d'utiliser de l'acétazolamide en cas de décompensation aiguë d'une insuffisance cardiaque avec surcharge volumique. Dans l'étude ADVOR, une étude multicentrique, randomisée, en double aveugle, contrôlée par placebo, on a montré que l'administration intraveineuse de 500 mg/j d'acétazolamide pendant les 3 premiers jours ou jusqu'à décongestion complète, en plus de l'administration intraveineuse de diurétiques de l'anse à 2 fois la dose d'environ tretien orale, a conduit à une décongestion très significativement plus efficace et plus rapide après 3 jours, et que cette décongestion se maintenait à la sortie de l'hôpital. La durée de l'hospitalisation (critère d'évaluation secondaire) était également plus courte dans le groupe acétazolamide.
L'étude DELIVER (Dapagliflozin in Heart Failure with Mildly Reduced or Preserved Ejection Fraction) est une autre étude qui a largement attiré l'attention dans le même domaine, l'insuffisance cardiaque.² L'objectif de cette étude multicentrique, randomisée, en double aveugle était de savoir si cet inhibiteur du SGLT2 était capable de confirmer les bénéfices de l'étude EMPEROR-Preserved dans le groupe de patients ayant une FEVG légèrement réduite ou normale, y compris les patients ayant une FEVG atteignant les valeurs supérieures (> 60 %), dans la population de patients chez qui le médicament est instauré pendant ou juste après l'hospitalisation et dans le groupe de patients ayant récupéré une FEVG > 40 %. Les patients avaient plus de 40 ans, ils souffraient d'insuffisance cardiaque stable avec ou sans diabète, avaient une FEVG > 40 %, des signes de cardiopathie structurelle (dilatation auriculaire gauche ou hypertrophie ventriculaire gauche) et un taux de NT-proBNP élevé. Les auteurs ont pu montrer que la dapagliflozine pouvait réduire de manière significative le risque combiné d'aggravation de l'insuffisance cardiaque ou de décès cardiovasculaire dans ce groupe de patients ayant une FEVG légèrement réduite ou préservée.
Le fait que les spécialistes de l'insuffisance cardiaque soient revenus euphoriques de ce congrès de l'ESC s'explique simplement par les résultats de ces 2 études. Néanmoins, il convient de souligner qu'aucune des 2 études n'a pu démontrer d'effet bénéfique sur la mortalité cardiovasculaire et la mortalité totale (ce qui n'était pas non plus un critère d'évaluation primaire pour ADVOR et ne pouvait naturellement pas être atteint avec un suivi de 3 mois). Les importantes réductions de mortalité obtenues avec l'introduction des IECA, des ARM, des ARNI et des bêtabloquants chez les patients ayant une FEVG réduite ne peuvent pour le moment pas être reproduites dans le groupe de patients souffrant d'insuffisance cardiaque, ayant une FEVG légèrement réduite ou préservée. Je vous souhaite une agréable lecture, et j'invite toutes les personnes intéressées par des informations scientifiques au sujet du congrès de l'ESC 2022 à visiter le site web suivant : https://esc365.escardio.org/home.
Références
- Mullens, W., Dauw, D., Martens, P., Verbrugge, F.H., Nijst, P., Meekers, E. et al. Acetazolamide in Acute Decompensated Heart Failure with Volume Overload. N Engl J Med, 2022, 387 (13), 1185-1195.
- Solomon, S.D., McMurray, J.J.V., Claggett, B., de Boer, R.A., DeMets, D., Hernandez, A.F. et al. Dapagliflozin in Heart Failure with Mildly Reduced or Preserved Ejection Fraction. N Engl J Med, 2022, 387 (12), 1089-1098.
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